Qui se cache derrière le deuxième gouvernement Trump ? (Partie 2/3)

Le nom Trump est inscrit sur un immeuble de Chicago, aux États-Unis. Source : Pixabay, photo : Jeanine

Berlin, Allemagne (Weltexpress). Dans la deuxième partie, Charlie Kirk et Peter Navarro illustrent comment l’éminence grise derrière le président Trump, le multimilliardaire Peter Thiel, opère avec sa « mafia PayPal ».

Charlie Kirk

Charlie Kirk est le fondateur et président de « Turning Point USA », une organisation non gouvernementale de droite conservatrice qui se concentre sur la diffusion d’idées conservatrices et libertaires auprès des jeunes, en particulier des étudiants. Kirk est connu pour ses talents rhétoriques, son soutien à Donald Trump et ses critiques de l’idéologie « woke », de la théorie critique de la race et des élites « libérales » de l’establishment. « Turning Point USA » a acquis une influence considérable dans les cercles conservateurs grâce à des événements, à sa présence sur les réseaux sociaux et à son activisme sur les campus.

Charlie Kirk n’occupe aucun poste officiel au sein de l’administration Trump, mais il est un acteur influent du mouvement conservateur qui soutient la politique du gouvernement. Il joue un rôle important dans le cadre du Project 2025, un plan dirigé par la Heritage Foundation visant à remodeler le gouvernement fédéral américain en faveur d’un programme de droite. Sous la direction de Kirk, « Turning Point USA » est l’un des quelque 80 partenaires de ce projet, qui vise à apporter des changements profonds dans les politiques économiques et sociales et à consolider le pouvoir exécutif.

Grâce à sa plateforme et à sa proximité avec les partisans de Trump, Kirk a une influence sur l’opinion publique et la mobilisation de la base conservatrice. Dans une interview accordée en novembre 2023 à Stephen Miller, un autre acteur du Project 2025, Kirk a évoqué des projets de politique migratoire rigoureuse, notamment le recours à la Garde nationale et les expulsions massives, ce qui correspond à l’agenda de Trump.

Son organisation encourage le recrutement et la formation d’activistes conservateurs susceptibles d’intervenir dans les instances gouvernementales afin de lutter contre « l’État profond », comme le demande le Project 2025. Kirk lui-même reste toutefois principalement un acteur externe qui soutient la politique du gouvernement par le biais d’apparitions dans les médias et d’événements.

Charlie Kirk est une source d’inspiration et un mobilisateur important pour la jeune base conservatrice, sans être directement impliqué dans le gouvernement. Son rôle dans le Projet 2025 et ses liens avec des personnalités clés telles que Stephen Miller renforcent son influence indirecte sur l’élaboration des politiques.

Peter Navarro

Contrairement à Charlie Kirk, Peter Navarro occupe une fonction au sein de l’administration Trump. Navarro est un économiste américain et professeur émérite à l’université de Californie à Irvine. Il est un défenseur de la politique commerciale protectionniste et connu pour son attitude anti-chinoise, comme il l’expose dans son livre « Death by China » (2011). Au cours du premier mandat de Trump (2017-2021), il a été directeur du Conseil national du commerce, puis du Bureau de la politique commerciale et manufacturière. Navarro a été condamné en 2023 pour outrage au Congrès dans le cadre de l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021 et a purgé une peine de quatre mois de prison.

Depuis janvier 2025, il occupe le poste de conseiller principal pour le commerce et l’industrie manufacturière au sein du gouvernement américain actuel. Ce poste lui confère une influence considérable sur la politique commerciale et douanière des États-Unis. Il est le principal architecte de la politique douanière agressive de l’administration Trump, notamment l’introduction de droits de douane de 25 % sur les importations d’acier et d’aluminium, ainsi que des « droits de douane réciproques » visant les déficits commerciaux. Il a joué un rôle déterminant dans l’escalade du conflit commercial avec la Chine et a soutenu les plans de renégociation de l’accord USMCA (qui succède à l’ALENA), qu’il qualifie de « catastrophe ».

Ses opinions, exposées dans le chapitre « The Case for Fair Trade » (Les arguments en faveur du commerce équitable) du « Project 2025 », mettent l’accent sur la réduction du déficit commercial américain et le renforcement de la sécurité nationale par des mesures protectionnistes. Ces idées ont été en partie reprises dans la politique de Trump, comme l’a rapporté Bloomberg News en février 2025.

En avril 2025, Navarro s’est engagé dans une dispute publique avec Elon Musk, qui critiquait la politique douanière, estimant qu’elle pénalisait des entreprises telles que Tesla. Navarro a qualifié Tesla d’« assembleur de voitures », tandis que Musk a vivement attaqué Navarro sur X (« plus bête qu’un sac de briques »). Ce conflit illustre les tensions idéologiques au sein de l’administration entre protectionnisme et libre-échange. Pour rappel, Musk a depuis quitté l’administration Trump.

En résumé, Navarro est une figure clé de la politique économique de l’administration Trump, en particulier dans le domaine du commerce. Ses opinions protectionnistes influencent la politique douanière de Trump, ce qui souligne son influence sur l’orientation stratégique du gouvernement.

Qu’a accompli Thiel en promouvant sa « mafia PayPal » ?

Les entreprises liées à Thiel et à son entourage remportent des contrats gouvernementaux de plusieurs milliards de dollars. Palantir, le fleuron de Thiel, est par exemple un acteur clé pour les agences fédérales américaines chargées de la sécurité en matière de traitement et d’analyse des données, d’intégration de bases de données contenant des informations personnelles et de leur mise à disposition. Ces contrats génèrent non seulement des milliards de bénéfices, mais permettent également au secteur privé de prendre le contrôle d’éléments critiques de l’infrastructure publique.

En effet, sous la direction de Thiel et de ses acolytes, les entreprises technologiques sont devenues non seulement des prestataires de services, mais aussi des entités autonomes dotées d’un pouvoir réel. Modèles de surveillance, d’analyse et de prévision développés. Les structures conçues et développées par Palantir et d’autres entreprises similaires sont utilisées par les forces de l’ordre, les services secrets et même les ministères civils. Cela permet au secteur privé de collecter des quantités de données qui étaient auparavant réservées à l’État et de mettre en place de nouveaux mécanismes de contrôle social.

Et que reste-t-il de Donald Trump ?

Une citation d’Ossietzky s’applique également à Trump et à ses ministres. Il avait déclaré à propos du pouvoir des politiciens : « Ils croient qu’ils ont le pouvoir, alors qu’ils ne font que former le gouvernement. »

Ossietzky n’a pas précisé pour qui ils formaient le gouvernement. Néanmoins, sa déclaration montre clairement que dans un système économique capitaliste, les gouvernements sont toujours l’organe exécutif de la classe dirigeante.i

Malgré son charisme personnel indéniable et son énergie politique, Donald Trump devient de plus en plus une figure symbolique. Même si Trump se voit tout autrement et se comporte ainsi, il ne sert que de façade derrière laquelle se déroule actuellement aux États-Unis une redistribution du pouvoir en faveur des élites high-tech. Pendant que Trump est sous les feux de la rampe, Thiel et ses alliés s’efforcent de façonner durablement les structures du pouvoir et de transférer le contrôle des fonctions centrales de l’État à des acteurs privés. Dans cette nouvelle ère qui s’annonce aux États-Unis, le véritable pouvoir dans l’État appartiendra moins aux figures politiques visibles qu’aux architectes invisibles qui travaillent dans l’ombre, comme Peter Thiel.

Remarques :

Opposant au nazisme, Ossietzky a été emprisonné dès 1933 au camp de concentration de Sonnenburg. En 1936, il a reçu le prix Nobel de la paix. Il est mort en 1938 des suites des blessures infligées par les SS et de la tuberculose contractée lors de ses séjours répétés en camp de concentration.

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