Berlin, Allemagne (Weltexpress). Après Giordano Bruno, Galileo Galilei fait partie des victimes les plus éminentes de la persécution de l’Inquisition barbare de l’Église catholique. Le scientifique, né le 15 février 1564, n’a échappé au sort de Bruno que parce qu’il a rétracté ses découvertes scientifiques révolutionnaires après les premières tortures et la menace de tortures encore plus terribles. Le 22 juin 1633, sous Urbain VIII, un pape extrêmement absolutiste, connu pour sa prodigalité et son népotisme effréné, la sentence de mise au cachot fut prononcée. Transformé ensuite en assignation à résidence, il dut purger sa peine jusqu’à sa mort le 8 janvier 1642, bien qu’il soit devenu complètement aveugle depuis 1637. En quittant la salle d’audience, il aurait murmuré : « Eppur si muove » (elle – la Terre – bouge quand même). Il est possible que Galilée ne l’ait pas dit ainsi, ni là. Mais le folklore l’a perpétué et a érigé un monument au génial naturaliste avec cette légende. Au fond, c’était bien le cas. Car comme Bruno, Galilée s’accrocha à ses découvertes et poursuivit ses travaux scientifiques. Dès ses études à Pise – d’abord de médecine et de philosophie, puis de mathématiques -, son amour de l’expérimentation lui permit de trouver l’indépendance entre la fréquence des oscillations du pendule et son déplacement. À Florence, où il devint professeur de mathématiques à 26 ans, il découvrit la balance hydrostatique, étudia les lois de la chute libre et formula la loi de la chute comme première loi moderne de la nature. De manière générale, on lui doit le principe selon lequel l’expérience est la pierre de touche de la théorie.

En 1592, alors qu’il travaillait à Padoue, il a trouvé les angles proportionnels et a fabriqué un thermoscope. De retour à Florence en 1610, il construisit une lunette astronomique qui atteignit finalement un grossissement de 33 fois. Il tailla lui-même les lentilles. Avec cette lunette, Galilée fut l’un des premiers à observer le ciel. Ce fut une révolution dans le domaine de l’astronomie, car l’observation du ciel ne se faisait jusqu’alors qu’à l’œil nu. Avec sa lunette, Galilée découvrit la même année les quatre plus grands satellites de Jupiter, qui furent plus tard appelés « lunes galiléennes » en son honneur. Grâce à la lunette astronomique, Galilée a pu constater que la Voie lactée n’était pas un phénomène nébuleux (ce que l’on percevait jusqu’alors à l’œil nu), mais qu’elle était composée d’une multitude d’étoiles individuelles. Cette découverte a fait sensation et a placé Galilée au centre de l’attention du public scientifique. Plus tard, il a saisi l’angle de phase de Vénus, les taches solaires et les cratères lunaires. Il observa l’apparition des anneaux de Saturne, mais ne réalisa pas qu’il s’agissait d’anneaux. Galilée a réussi à établir que le poids spécifique de l’air était un 660e de celui de l’eau (jusqu’alors, on considérait que l’air n’avait pas de poids). Les résultats exceptionnels de ses recherches ont été récompensés par son admission à l’Accademia dei Lincei, qui ne comptait à l’époque que six savants.

Avec la découverte des lunes de Jupiter, on a pu observer pour la première fois qu’il existe des corps célestes qui ne tournent pas autour de la Terre. Comme cela allait à l’encontre de la vision géocentrique officielle du monde de l’Église et de la société, des professeurs de Florence refusèrent même de regarder dans la lunette à la demande de Galilée.

En raison des résultats de ses recherches, par lesquelles il réfutait le système mondial ptolémaïque de l’Église catholique, et de nombre de ses écrits – publiés non pas en latin comme d’habitude, mais en italien compréhensible par un plus large public -, l’Inquisition le poursuivit avec une hostilité non dissimulée. D’autant plus que Galilée devint un ardent défenseur du système du monde développé par son contemporain Nicolas Copernic (1473-1543) (qui porte son nom), qui marqua « l’émancipation de la recherche naturelle par rapport à la théologie » (Friedrich Engels). Galilée a confirmé les connaissances coperniciennes et les a complétées, notamment avec sa doctrine héliocentrique, les conceptions sur la construction du système planétaire avec le soleil au centre du monde. Après que la doctrine copernicienne eut été bannie en 1616 par un jugement de l’Inquisition, Galilée écrivit une brillante défense de ce système avec ses « Dialogues » sous forme de conversation. Il témoignait qu’il considérait comme vrai le mouvement de la Terre autour du Soleil et écrivait que seuls des « veaux lunaires obtus » pouvaient en douter. Sans citer son nom (mais en faisant clairement allusion à une « personnalité extrêmement sublime et érudite »), il s’en prenait même au pape Urbain VIII. Selon l’histoire, Galilée a été le premier homme à observer la lune à l’aide d’un télescope et à en tirer la conclusion suivante : La lune a des cratères.

Après ces attaques véhémentes contre la vision théologique bornée, il fut convoqué à Rome, où il fut arrêté, interrogé et torturé par un tribunal de l’Inquisition. Après avoir été menacé des pires tortures, il abjura sa doctrine en 1633. Il fut néanmoins condamné à une peine de prison à vie et toute activité d’enseignement lui fut interdite. Le jugement stipulait également qu’il devait prier les sept psaumes de la pénitence chaque semaine pendant trois ans.

Ses écrits sur la doctrine copernicienne furent inscrits sur l’Index Librorum Prohibitorum (liste des livres interdits), créé en 1559 par le pape pour réprimer toute pensée progressiste, et n’en furent retirés qu’en 1835. Jusqu’au début du 20e siècle, environ 10 000 livres figuraient sur cet index, dont les œuvres de Bruno, Copernic et de nombreux autres « hérétiques », jusqu’en 1827 la « Critique de la raison pure » de Kant, et encore en 1961 Jean Paul Satre et Simone de Beauvoir. Inutile de préciser que les ouvrages communistes en faisaient partie. Les catholiques n’avaient pas le droit de lire, d’éditer, de conserver ou de vendre un livre indexé.

Galilée a ensuite été autorisé à passer son assignation à résidence dans sa propriété d’Arcetri, près de Florence, où il a écrit son œuvre principale sur les lois de la chute et de l’inertie. Le manuscrit fut passé clandestinement en Hollande, mais ne trouva un éditeur qu’en 1638. Complètement aveugle, Galilée continua à travailler sans relâche jusqu’à sa mort. Il rédigea la théorie de la cohésion, poursuivit ses recherches sur l’horloge à pendule et découvrit la libration de la lune. Le pape refusa de lui accorder sa grâce.

Grâce à ses résultats scientifiques, Galilée libéra les sciences naturelles des restrictions théologiques. Grâce à l’utilisation des mathématiques dans ses travaux, celles-ci devinrent un instrument de recherche naturelle et il fut le fondateur des sciences naturelles classiques, dont principalement la physique.

Après que la doctrine copernicienne a été bannie en 1616, Galilée a écrit une brillante défense du système avec ses « Dialogues ». Dans ce livre, Galilée expliquait entre autres son principe de relativité et sa proposition de détermination de la vitesse de la lumière.

Dans sa pièce de théâtre épique « La vie de Galilée » (musique Hans Eisler), Bertolt Brecht a mis en évidence, à travers l’exemple du grand chercheur italien, la responsabilité du scientifique dans la société. Créée en 1943 à Zurich, Brecht a élaboré une deuxième version en anglais avec l’acteur Charles Laughton à Los Angeles en 1945, après les bombardements atomiques au Japon. Si la première représentation portait sur la confrontation avec le pouvoir du clergé, la responsabilité du scientifique dans l’exploitation de ses découvertes était désormais au premier plan.

En octobre 1992, le pape Jean-Paul II a annoncé une réhabilitation conditionnelle de Galilée à l’occasion du 350e anniversaire de sa mort. Conditionnelle parce que le pape justifiait encore l’Inquisition en attestant qu’elle avait agi « de bonne foi » et « par souci de l’Église », tout en commettant « une tragique erreur ». Le pape polonais, connu pour son fanatisme, a eu le front de qualifier la sentence de « tragique malentendu réciproque » entre le scientifique de Pise et les juges de l’Inquisition. Galilée, condamné à tort, était ainsi rendu coresponsable. Pas un mot de réhabilitation ou de commémoration n’a été prononcé pour les millions de victimes de l’Inquisition, pas un mot de condamnation de la répression séculaire de la liberté de croyance et de conscience, du progrès de la pensée scientifique et de l’émancipation de l’homme.

Le génial scientifique a reçu de nombreux hommages dans le monde entier : en 1935, les cratères lunaires de « l’océan des tempêtes » ont été nommés en son honneur ; la NASA a baptisé de son nom son vaisseau spatial lancé en 1989 pour explorer Jupiter et ses lunes ; le système européen de navigation par satellite porte son nom, et l’aéroport de sa ville natale, Pise, porte son nom.

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