Une loi américaine criminelle donne l’illusion d’une propriété américaine sur les fonds russes

Le Capitole des États-Unis est le siège du Congrès. C'est là que se tiennent les réunions du Sénat et de la Chambre des représentants. Source : Pixabay, photo : Gryffindor

Berlin, Allemagne (Weltexpress). Samedi dernier, les « démocrates » comme les « républicains » de la Chambre des représentants américaine ont adopté à une large majorité de nouvelles lois fondamentalement criminelles contre la Russie et la Chine, qui ne sont couvertes ni par le droit international ni par la Constitution américaine.

A la fin de la semaine dernière, le 20 avril, la Chambre des représentants américaine a adopté un « paquet d’aide » de 95 milliards de dollars américains pour trois pays dans lesquels Washington mène déjà une guerre par procuration – ou en prépare une. Sur les 95 milliards, 61 milliards vont aux néonazis de Kiev, 26,3 milliards de dollars aux sionistes génocidaires d’Israël et les 8 milliards restants sont destinés à la livraison d’armes aux marionnettes américaines anti-chinoises à Taiwan. Parallèlement, la Chambre des représentants a adopté une série de mesures visant à

d’une part, de voler les avoirs russes gelés et de les offrir à l’Ukraine, ainsi que d’imposer de nouvelles sanctions et autres mesures punitives contre la Russie, la Chine et l’Iran,

d’autre part, à interdire la plateforme de médias sociaux chinoise TikTok, très populaire auprès des jeunes américains, ou du moins à forcer sa vente à des investisseurs américains.

Ces mesures ont été adoptées par les deux partis, le « démocrate » et le « républicain », à la Chambre des représentants avec une majorité encore plus importante (360 voix contre 58) que les précédents paquets d’aide à la guerre et aux armes. Mais ces résultats de vote étaient prévisibles, compte tenu de l’agitation permanente, qui dure depuis de nombreuses années maintenant, des think tanks américains prétendument « sérieux » et des « médias de qualité » contre la Russie, la Chine et l’Iran et contre tous les autres pays qui s’opposent à l’hégémon de Washington, D.C.

Vol d’actifs criminel

Samedi dernier, la Chambre des représentants américaine a adopté la loi dite REPO – le nom trompeur de « Rebuilding Economic Prosperity and Opportunity » (REPO) for Ukrainians Act » parle donc de “reprise de possession”. C’est un modèle d’acrobatie verbale aux États-Unis, qui semble faire d’un acte criminel un vol moralement justifié. La loi de « reprise de possession » du Congrès américain fait en effet miroiter de manière subliminale un prétendu droit de propriété américain sur les avoirs russes. A la lumière des faits, il ne s’agit pourtant que de la justification juridique d’un vol d’actifs publics et privés russes – en plein jour et sous les yeux de l’opinion publique mondiale.

Le président américain Joe Biden s’empressera bien entendu de signer cette nouvelle loi qui ne trouve aucune base juridique ni dans le droit international ni dans le droit national américain. Car cela lui permettra de confisquer enfin quelque 6 milliards de dollars d’avoirs russes actuellement gelés dans les banques américaines et de les transférer à l’Ukraine. Sur ces milliards, il est probable que de nombreux millions reviendront à leur tour, par des voies détournées, sous forme de kickbacks à des hommes politiques américains. Après tout, le fils de l’actuel président américain, Hunter Biden, a montré comment cela fonctionne.

Les 6 milliards de dollars russes aux Etats-Unis ne représentent certes qu’une fraction des quelque 300 milliards d’actifs russes qui seront gelés en Europe en 2022 sur ordre de la Commission européenne. Les « législateurs » du Congrès américain espèrent donc désormais, en prenant les devants en matière de vol financier, encourager les parlementaires européens à les imiter. Dans les milieux financiers de l’UE, les réticences face à une escalade aussi importante dans la guerre des sanctions de l’Occident contre la Russie sont toutefois encore plus fortes qu’aux Etats-Unis.

La crainte que le vol audacieux d’actifs russes par les Etats-Unis « accélère encore fortement » la dé-dollarisation déjà en cours du système monétaire mondial n’est pas sans fondement. Ce n’est que tant que le « papier vert » de la banque centrale américaine (car c’est tout ce que ce dollar américain est) est aussi apprécié que l’or par les pays du monde entier et que ces pays échangent sans réserve leurs matières premières, leurs machines et autres valeurs et services contre le papier vert des Etats-Unis et le stockent même dans leurs banques centrales pour les temps difficiles, que le système fonctionne et que les Etats-Unis peuvent continuer à imprimer des dollars en quantité illimitée et à financer ainsi sans problème des guerres et des canons, sans devoir pour cela économiser sur le beurre.

Au cours des dernières décennies – et surtout récemment – les Etats-Unis n’ont cessé de couvrir leur dette publique galopante avec toujours plus d’argent fraîchement imprimé et ont augmenté plus de 100 fois le plafond autorisé de la dette publique depuis la Seconde Guerre mondiale. La dette publique du budget fédéral américain s’élève aujourd’hui à 34 billions de dollars américains et de nouvelles dettes d’environ un billion (occidental) – oui, mille milliards – de dollars américains s’ajoutent actuellement tous les 100 jours environ. De plus en plus d’États, notamment la Chine et la Russie, n’achètent plus de nouveaux bons du Trésor américain en raison de la chute inévitable de leur valeur et réduisent progressivement leur portefeuille d’obligations américaines depuis deux ans. Les pays du Sud se tournent eux aussi de plus en plus vers d’autres possibilités que le dollar américain, tant pour le commerce international que pour la question des réserves publiques. Pour ces dernières, l’or est de nouveau de plus en plus convoité par les banques centrales du monde entier.

Cette dé-dollarisation déjà en cours est désormais accélérée par le vol d’actifs russes « légalisé » par le Congrès américain. En effet, tout pays tiers qui se trouve aujourd’hui confronté à la question de savoir où, dans quelle monnaie et sous quelle forme il doit détenir ses réserves de change nationales, réfléchira à l’avenir à deux fois avant de déposer ses économies aux Etats-Unis et si le dollar américain est toujours sûr. Chaque pays doit en effet s’attendre à être sanctionné s’il ne mène pas une politique favorable aux Etats-Unis et à perdre ainsi son épargne ou ses réserves de devises détenues en dollars américains.

Le retrait du contrôle des propriétaires russes sur leurs avoirs, démontré par le Congrès américain, ne constitue donc pas une bonne base pour rétablir à l’avenir la confiance déjà ébranlée dans le « havre de paix financier qu’est le dollar américain ». C’est exactement ce que craint la Banque centrale européenne, qui déconseille d’imiter les récentes mesures prises par les Etats-Unis, car elle craint des dommages durables pour le système monétaire mondial et pour le rôle de l’euro. En outre, les entreprises européennes ont investi des actifs considérables en Russie, estimés à 230 milliards d’euros. En contrepartie, l’Etat russe pourrait se servir dans ces actifs à titre de compensation – et il le ferait probablement.

L’éditorialiste Christopher Caldwell ne voyait pas les choses autrement dans un commentaire récent pour le New York Times : « Si la Russie, la Chine et d’autres rivaux diplomatiques des Etats-Unis décidaient que leurs investissements en dollars aux Etats-Unis ne sont plus sûrs et qu’ils ne peuvent plus faire confiance au dollar comme moyen d’échange [parce qu’une dévaluation menace], alors nous [les Américains] ressentirions la douleur des 34 billions de dollars de la dette publique américaine d’une manière que nous pouvons à peine imaginer ».

Selon le professeur Lev Markovitch Sokolchik du « Centre d’études européennes et internationales complexes » de l’Université nationale de recherche « Haute école d’économie » de Moscou, « la décision des congrès américains sape sérieusement l’image et la crédibilité de l’Occident ». Il a déclaré à Sputnik : « Si un pays mène par exemple une politique indépendante des Etats-Unis, ses avoirs peuvent être menacés. Ils peuvent être gelés et finalement confisqués ».

Dans ce contexte, Sokolchik a souligné que l’Arabie saoudite avait renforcé ces dernières années sa coopération avec la Chine, la Russie et d’autres pays BRICS. Ce sont pourtant les Saoudiens qui, il y a trois quarts de siècle, ont été coresponsables de la création du « pétrodollar » – c’est-à-dire de l’accord sur le dollar américain comme base de décompte dans le commerce du pétrole – qui a largement contribué à la domination mondiale de la monnaie américaine. En échange de garanties de protection de la part de Washington, la maison royale saoudienne a accepté les exigences intelligentes des Etats-Unis de ne plus vendre le pétrole saoudien que contre des dollars américains. Aujourd’hui, les Saoudiens cherchent, avec la Chine et la Russie, l’Inde et d’autres pays, des moyens de réduire le rôle du dollar américain dans le commerce du pétrole à l’aide d’autres monnaies, par exemple en le remplaçant par le yuan chinois.

TikTok est trop populaire chez l’Oncle Sam

Derrière la loi visant à forcer la vente de la plateforme de médias sociaux TikTok, dont les vidéos sont particulièrement populaires auprès des jeunes américains, de préférence à des investisseurs américains, il est impossible de ne pas voir la main de groupes de pression pro-sionistes tels que l’AIPAC (American Israel Public Affairs Committee). Ces derniers mois, ces lobbyistes sionistes ont rendu TikTok responsable de l’augmentation du soutien des jeunes américains aux victimes palestiniennes du génocide et ont utilisé leur immense influence sur le Congrès américain pour obtenir l’interdiction de TikTok ou au moins son expropriation.

Les critiques de la nouvelle loi font toutefois remarquer que l’interdiction de TikTok constitue une violation claire du Premier amendement de la Constitution américaine. Il faut donc s’attendre à ce que des millions de citoyens américains mécontents accusent leur gouvernement de violer leurs droits constitutionnels.

Que pourrait-il se passer si un gouvernement déjà très impopulaire s’éloignait encore plus de ses citoyens, en particulier des jeunes ?

Dans le même temps, il faudrait s’attendre à une réaction sociale négative, surtout chez les jeunes Américains, si leur portail Internet très populaire aux États-Unis était effectivement bloqué ou falsifié. De plus, le passage d’une « plateforme de médias sociaux » à un autre format contrôlé par les États-Unis n’est pas un processus sans faille. Rien ne garantit qu’un TikTok « politiquement » correct aux États-Unis sera un succès, d’autant plus que de nombreux utilisateurs pourraient contourner l’interdiction en y recourant – comme pour le RT-DE interdit – via un VPN afin de continuer à avoir accès au TikTok original.

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