Berlin, Allemagne (Weltexpress). Que se cache-t-il derrière les rumeurs d’une nouvelle contre-offensive des forces armées ukrainiennes en 2024 ? Des rapports d' »experts » circulent également dans les journaux allemands. La conclusion de notre auteur Rainer Rupp : un sourire fatigué.
L’Ukraine prévoit-elle déjà la prochaine offensive de printemps pour l’année prochaine ? Pour l’instant, il n’y a aucune prise de position officielle sur ce sujet – ni de la part des dirigeants politiques ukrainiens, ni de la part des dirigeants de l’OTAN, ni de la part des dirigeants de « l’Occident collectif ». Même le commandement des forces armées ukrainiennes n’a jusqu’à présent rien dit de concret sur ce sujet. En d’autres termes, la plupart des informations sur une prétendue nouvelle offensive ukrainienne au printemps prochain ne sont que des rumeurs diffusées comme des vœux pieux par les médias proches des belligérants occidentaux.
Les déclarations des représentants ukrainiens se limitent généralement à des demandes de nouvelles livraisons d’armes et à des plaintes concernant un manque aigu de stocks de munitions, l’Occident n’honorant pas les livraisons promises. La communication de Kiev à l’Occident peut se résumer à la déclaration suivante : « Nous aimerions bien continuer à attaquer, mais nous n’avons pas assez de matériel ». S’ensuit une longue liste d’armes et d’équipements militaires.
Compte tenu de la forte baisse des livraisons militaires en provenance d’Europe, de l’arrêt actuel de ces mêmes livraisons en provenance des États-Unis – probablement jusqu’en février de l’année prochaine – et de l’incertitude accrue quant à une reprise du soutien massif de Washington pour les mois suivants, il est difficile de se prononcer sur les perspectives de nouveaux plans offensifs des forces armées ukrainiennes en 2024.
D’où proviennent les rapports sur de prétendus nouveaux plans de contre-offensive ukrainiens ? Il s’agit généralement d’opinions privées de prétendus « experts » et de journalistes de plus en plus désespérés de relancer la guerre par procuration US/OTAN avec un nouvel élan.
Dans le quotidien allemand Die Welt par exemple, l’expert en sécurité et en crise Alfred Hackensberger argumente dans son article du 15.12.2023 intitulé « Guerre en Ukraine : 95 pour cent d’armes inutilisées – Kiev peut-il encore gagner la guerre ? » que l’Ukraine rassemble probablement ( !) des ressources pour une nouvelle contre-offensive l’année prochaine. La contre-offensive ukrainienne des cinq derniers mois est certes « clairement au point mort et l’Occident hésite à la soutenir. Mais la situation sur le front est-elle vraiment si désespérée ? Pas nécessairement. Il semblerait que Kiev prépare un plan ».
Sur quoi se fonde une telle opinion ? En fait, sur du vent. L’article décrit les options militaires hypothétiques de l’Ukraine, à quoi pourrait ressembler une nouvelle contre-offensive et quelles conditions devraient être remplies pour qu’elle soit couronnée de succès.
Hackensberger cite comme sources des données publiées sur le site web open source pro-ukrainien Oryx. Ce sont ces données Oryx complètement déformées sur lesquelles les médias mainstream occidentaux et les think tanks (groupes de réflexion) dans le domaine de la défense et de la sécurité s’étaient largement appuyés lorsqu’ils avaient prédit début 2023 la victoire absolument certaine de l’Ukraine et la conquête de la péninsule de Crimée dans le cadre de l’offensive de printemps prévue. En raison de nombreux problèmes, celle-ci n’a toutefois eu lieu qu’avec trois mois de retard au cours de l’été et de l’automne.
Ce sont ces données OSINT, volontairement manipulées au-delà de toute réalité, qui ont plongé les politiciens et les représentants de la presse de l’Occident collectif dans une ivresse guerrière et victorieuse en attendant l’offensive des forces armées ukrainiennes. Pourtant, cette offensive n’aurait jamais dû avoir lieu si l’on avait évalué la situation de manière réaliste. Car malgré des pertes humaines et matérielles inimaginables, les dirigeants ukrainiens n’ont pas pu atteindre, même de loin, leurs objectifs militaires ou politiques.
Pour l’Occident également, l’échec complet de l’offensive ukrainienne, que l’on décrit au mieux comme une « impasse militaire dynamique », est une catastrophe politique unique. Il en va de même pour le prestige technologique des armes miraculeuses occidentales utilisées, qui n’ont répondu à aucune des attentes placées en elles, soit parce que les Russes avaient déjà les antidotes, soit parce qu’ils les ont développés en un temps record, souvent en quelques jours.
Et pourtant, les fauteurs de guerre médiatiques n’ont rien appris. Ils continuent à utiliser les fausses données OSINT et à diffuser le récit Bellingcat sur les pertes énormes inventées par les forces armées russes et leur manque de préparation au combat, tout en surestimant outrageusement les soldats ukrainiens et, plus généralement, les capacités de combat des forces armées de l’Ukraine. Cette approche s’est toutefois révélée être une épée à double tranchant. Dès juin 2023, ces récits erronés ne pouvaient plus tenir face à la réalité, à savoir les opérations réussies des forces armées russes, ce qui, c’est le moins que l’on puisse dire, a fortement entamé la crédibilité des médias et des hommes politiques occidentaux, principalement auprès du public non occidental.
Il convient de noter qu’immédiatement après l’échec de la « contre-offensive » ukrainienne, le projet Oryx a été fermé à la hâte et toutes les publications sur le compte Twitter respectif contenant des informations sur les soi-disant grands succès de l’offensive ukrainienne ont été supprimées. Auparavant, le projet piloté par les services secrets britanniques s’était toujours illustré par des déclarations délirantes sur l’échec des Russes, docilement relayées par les journalistes occidentaux, y compris allemands.
Dans ce contexte, les rumeurs d’une « deuxième offensive ukrainienne » ne peuvent que faire sourire. En effet, le chaos règne actuellement dans le cirque médiatique occidental, causé à la fois par l’incertitude quant au sort futur du régime de Kiev et de l’Ukraine dans son ensemble, et par un manque critique de données fiables que les sources ouvertement pro-ukrainiennes n’ont pas encore fournies et ne fourniront certainement pas à l’avenir.