Londres, Royaume-Uni (Weltexpress). Londres attend avec impatience l’événement du siècle : Le couronnement de Charles III. Début juin de l’année dernière, la nation avait célébré le jubilé de platine de sa mère (la monarque ayant servi le plus longtemps de l’histoire après 70 ans sur le trône) avec une interminable parade colorée sur la grande avenue « The Mall » – et trois mois plus tard seulement, elle célébrait ses funérailles. Les sujets ont attendu pendant des jours dans une file interminable pour faire leurs adieux à leur monarque bien-aimée. L’héritier du trône Charles aurait demandé à l’un de ceux qui attendaient patiemment depuis combien de temps il attendait. « Bien moins longtemps que vous », lui a-t-on répondu du tac au tac. Le moment est donc enfin venu : depuis 1969 en tant que « Prince de Galles », Charles III – à 74 ans le monarque le plus âgé de l’histoire britannique – sera couronné samedi à 11 heures à l’abbaye de Westminster. Que Charles, malgré ses aspirations idéalistes et écologiques, dispose de nettement moins de popularité que sa mère est un fait. Mais ces dernières semaines, il semble avoir rapidement gagné en stature. Il y a un an, seules 39% des personnes interrogées pensaient qu’il ferait un bon roi, elles sont désormais 62%.
L’Angleterre reste l’Angleterre et le temps du week-end devrait être exécrable – tout comme lors du couronnement de sa mère. Et bien que d’innombrables badauds soient attendus dans le centre de Londres et que les mesures de sécurité, y compris l’interdiction de survol, les tireurs d’élite et les dizaines de milliers de policiers, surpassent tout ce qui a été fait jusqu’à présent, l’intérêt général reste limité : Seul un tiers de la population se dit « très ou assez intéressé » par ces festivités qui vont coûter des millions, 64% se disent « pas ou peu intéressés » et les trois quarts des jeunes de 18 à 24 ans sont dans ce cas. La monarchie britannique a-t-elle un avenir ? Une nette majorité se dégage encore en faveur du maintien de la royauté. Mais celle-ci est considérée comme nécessitant une réforme. Charles s’efforce donc de « réduire la voilure », en redimensionnant son propre couronnement par rapport à la gigantesque cérémonie organisée pour sa mère le 2 juin 1953, comme une lueur d’espoir dans cette période de privation d’après-guerre. Pourtant, plus de 2200 invités de 203 pays, dont 100 chefs d’État, sont attendus samedi à l’abbaye. Le président américain Biden sera toutefois absent.
Regent Street et Oxford Street se confondent avec d’innombrables « Union Jacks » rouges et bleus, et sur la National Gallery de Trafalgar Square, une immense affiche affiche des vœux de bonheur : « Happy and Glorious ». Une douce ironie ? L’héritier du trône de l’époque, célèbre pour ses idées architecturales rétrogrades, avait pourtant fustigé l’extension prévue en 1984, la qualifiant de « monstrueux abcès (« carbuncle ») sur le visage d’un ami très aimé et élégant ». On se livre à une surenchère d’idées originales : Uber propose une réplique de « carrosse du couronnement » tiré par des moisissures, des entreprises offrent des cadeaux publicitaires à tous ceux qui portent le prénom « Charles », « Heinz » lance sur le marché une édition limitée de « Tomato Kingchup » à la place du ketchup, des figurines en carton d’un mètre soixante-dix de haut représentant le monarque sont en vente pour 37 livres sterling et un chocolatier a réalisé en quatre semaines de travail un buste en chocolat de 23 kilos de sa Majesté : Ceux qui peuvent se le permettre pourront bientôt croquer le roi. Et un point culminant le samedi, la parade de 100 « King Charles Spaniels » à travers – où d’autre ? – la « King’s Road » de Chelsea…
