Les États-Unis sont-ils à l’origine des troubles au Népal ?

Manifestations à Katmandou. Source : Telegram Lieu et date de la prise de vue : Katmandou, 8 septembre 2025

Berlin, Allemagne (Weltexpress). Le Népal a connu les troubles les plus graves depuis des décennies. Il y a eu de nombreux morts et le Premier ministre Khadga Prasad Sharma Oli a démissionné. Sommes-nous en train d’assister au nouveau scénario américain pour la région ? Si un affrontement direct entre la Chine et l’Inde n’est pas possible, est-ce que le pays situé entre les deux, le Népal, est simplement déstabilisé ?

Le Népal est en proie à une grave crise politique : après deux jours de violentes manifestations, déclenchées par l’interdiction des réseaux sociaux et des accusations de corruption, le Premier ministre Khadga Prasad Sharma Oli a démissionné le 9 septembre. Les manifestations menées par la « génération Z », composée de jeunes urbanisés, ont fait au moins 19 morts et plus de 300 blessés, dont de nombreux adolescents. Les manifestants ont incendié le Parlement, des bâtiments gouvernementaux et les maisons de politiciens, ce qui a entraîné des couvre-feux et la fermeture de l’aéroport de Katmandou.

Les médias américains couvrent largement les événements, soulignant le rôle des jeunes et l’instabilité dans la région, tandis que les déclarations officielles des États-Unis se limitent actuellement à des conseils aux voyageurs. Les médias de la région spéculent quant à eux sur des influences géopolitiques externes comme déclencheurs des troubles. La couverture internationale se concentre principalement sur la position stratégique du Népal en tant qu’État tampon entre l’Inde et la Chine, ainsi que sur l’influence des États-Unis.

Influence des États-Unis : discours anti-corruption et spéculations sur l’État profond

Les États-Unis sont principalement cités comme acteur potentiel en arrière-plan, ceux-ci étant les principaux bénéficiaires des manifestations contre l’orientation pro-chinoise du Premier ministre Oli. Le portail d’information India Today du 9 septembre 2025 mentionne des rapports présumés sur « le président américain Trump et l’implication de l’État profond », qui visent à semer la confusion. India Today présente les troubles comme une tentative orchestrée par les États-Unis pour briser l’influence de la Chine au Népal, comme cela a été le cas au Bangladesh.

Al Jazeera spécule également le 9 septembre que les manifestations des jeunes contre la corruption et le népotisme servent plutôt les intérêts déclarés des États-Unis en matière de politique étrangère. Les rapports soulignent toutefois qu’il n’existe aucune preuve d’un financement direct des manifestations par les États-Unis. Il est plutôt question d’un soutien indirect par le biais d’ONG. Le Premier ministre Oli avait quant à lui qualifié les manifestants de « marionnettes d’entreprises étrangères ». (Hindustan Times, 9 septembre 2025).

L’attitude pro-chinoise du Premier ministre Oli était-elle le véritable déclencheur ?

La proximité d’Oli avec la Chine est présentée dans certains médias de la région comme la raison principale des manifestations. Il venait tout juste de rentrer de Chine. Le New York Times du 9 septembre 2025 décrit Oli comme le leader du parti communiste CPN-UML, partisan d’une ligne pro-chinoise, ce qui cadre les manifestations contre son gouvernement comme une réaction à l’influence chinoise.

L’influence de l’Inde et son intérêt pour la stabilité régionale

Le rôle de l’Inde est souvent mis en avant comme un facteur externe central, car le Népal est un voisin immédiat de l’Inde et dépend donc économiquement de ce pays. Des articles tels que celui publié par India Today le 9 septembre soulignent le « timing curieux » des manifestations : elles se sont intensifiées peu avant le voyage prévu d’Oli en Inde et après son retour de Chine. Les experts cités avertissent que le voisinage du Népal est en train de devenir un « terrain de jeu pour diverses forces extérieures », avec l’Inde comme stabilisateur.

D’autres craignent que l’Inde ne profite des troubles pour asseoir son influence au Népal. Un article publié dans l’India Times compare également les manifestations à celles qui ont eu lieu au Bangladesh en 2024, où un mouvement étudiant contre le gouvernement pro-indien de Sheikh Hasina s’était intensifié et avait conduit à sa chute. The Times of India et The Hindu soulignent les inquiétudes de l’Inde concernant l’instabilité régionale, le Népal étant déjà le deuxième pays voisin après le Bangladesh à connaître de graves troubles au cours des douze derniers mois.

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