Berlin, RFA (Weltexpress). À l’aide de quelques exemples historiques, cet article met en évidence les faiblesses de l’infrastructure de défense européenne et démontre l’incapacité militaire de l’Europe à mener des guerres sans l’aide des États-Unis, que ce soit en Europe ou ailleurs.

Pour les lecteurs réguliers des articles publiés sur RT DE, ce n’est pas une nouveauté que les forces armées des États membres européens de l’OTAN n’ont aucune chance de survivre sans les États-Unis en cas de conflit militaire contre la Russie en Ukraine. Cela ne vaut toutefois pas uniquement pour une confrontation directe avec les Russes en Ukraine, mais en principe pour toute action militaire isolée des pays européens membres de l’OTAN, que ce soit dans le cadre d’une coalition de volontaires ou d’une opération individuelle.

Peu importe le lieu et les conditions, sans la participation active des États-Unis et leur soutien militaire massif, les Européens ne sont pas en mesure de mener un conflit pendant plus de quelques semaines. En effet, dans tous les domaines militaires importants, depuis le ravitaillement en armes, munitions et soldats jusqu’au renseignement militaire, en passant par les structures d’organisation et de commandement militaires de l’OTAN, centrées sur les États-Unis, rien ne fonctionne sans les États-Unis. Cela ne vaut pas seulement pour un conflit potentiel avec la Russie en Ukraine, dont les faucons européens, déconnectés de la réalité, aiment tant parler, mais le passé en fournit suffisamment d’exemples.

Il y a par exemple la guerre dans les Balkans, et en particulier contre la Yougoslavie, que les Européens, en premier lieu la Grande Allemagne nouvellement réunifiée, ont provoquée. Mais malgré leurs efforts conjoints, la coalition hétéroclite des pays volontaires de l’UE – France, Grande-Bretagne, Allemagne, Pays-Bas, Belgique, Italie, etc. – n’a pas été en mesure de mettre fin au conflit de manière victorieuse, car les États-Unis se sont montrés très méfiants au début. Ils étaient avant tout opposés à l’action unilatérale de la nouvelle « Grande Allemagne », qu’ils considéraient alors comme déstabilisatrice, avec sa dangereuse aventure dans les Balkans.

Ce n’est qu’après le chaos des premières années de guerre sur l’ancien territoire yougoslave que Washington a vu une occasion de remettre sur le tapis le rôle de l’OTAN et des États-Unis en tant que nation indispensable en Europe et de réaffirmer son leadership en Europe. Ce dernier avait été de plus en plus remis en question après la dissolution de l’Union soviétique en 1991. Entre-temps, cependant, les faucons européens, qui voulaient initialement réorganiser « leur propre arrière-cour » dans les Balkans sans la participation des États-Unis et de l’OTAN, s’étaient révélés incapables de mettre à genoux la Yougoslavie résiduelle.

En participant directement à la guerre et en remportant la victoire sur la Yougoslavie, Washington comptait alors dissiper tous les doutes quant à la nécessité de l’OTAN et à la position dominante des États-Unis au sein de l’organisation. Enfin, la reconnaissance renouvelée du rôle indispensable des États-Unis en Europe était une condition préalable pour que Washington ne soit pas marginalisé lors du partage du butin dans les anciennes républiques socialistes d’Europe de l’Est, mais puisse au contraire s’assurer la part du lion et l’influence correspondante.

Deux mois et demi après que les États-Unis se soient engagés avec leur armée de l’air et leurs capacités de reconnaissance militaire dans le cadre de l’OTAN dans une guerre brutale, non provoquée et contraire au droit international contre la Yougoslavie, qui a fait des milliers de morts parmi les civils, Belgrade a capitulé afin d’éviter de nouveaux massacres menacés par la communauté occidentale des valeurs en Yougoslavie.

L’incapacité militaire des pays européens membres de l’OTAN à s’imposer dans les Balkans sans les États-Unis contre ce qui restait de la Yougoslavie (la Serbie et le Monténégro), déjà fortement affaiblie, est particulièrement intéressante dans le contexte des annonces grandiloquentes des chefs d’État français et britannique d’envoyer des troupes contre les Russes en Ukraine. Même sous Joe Biden, Washington avait toujours insisté sur le fait qu’il n’enverrait pas de troupes régulières américaines en Ukraine. Et sous Trump, il semble de plus en plus probable que les États-Unis se retirent complètement du projet OTAN en Ukraine. Envoyer des soldats français, britanniques et d’autres pays de l’UE en Ukraine reviendrait donc à une mission suicide.

L’incapacité militaire des Européens n’est pas seulement flagrante dans le cas de la Yougoslavie, brièvement décrit ci-dessus. Elle est également illustrée par le déroulement de la guerre d’agression non provoquée, contraire au droit international et extrêmement brutale contre la Libye riche en pétrole en 2011, qui a été déclenchée par les criminels de guerre de Grande-Bretagne, de France, d’Italie et de quelques autres pays « volontaires » de l’UE. En moins d’une semaine, les forces aériennes britanniques et françaises ont épuisé leurs missiles et leurs bombes pour neutraliser la défense aérienne libyenne. Les appels à l’aide lancés par la Grande-Bretagne au Pentagone ont été rejetés par son chef de l’époque, Robert Gates, avec ces mots : « We don’t have a dog in this fight » (Nous n’avons pas de chien dans cette bataille) !

Mais Hillary Clinton, alors secrétaire d’État américaine, a pris le pas sur Gates, et ce fut le début de la fin de l’État providence le plus développé du continent africain. Aux yeux des dirigeants de la communauté « mondialiste » des valeurs occidentales, le crime de Mouammar Kadhafi était manifestement d’avoir dépensé les richesses pétrolières de la Libye pour offrir à l’ensemble de la population un système social, médical et scolaire unique au monde.

Dans ce contexte, l’intervention militaire purement française « Opération Serval » au Mali africain est également exemplaire. Elle a débuté le 11 janvier 2013 et avait pour objectif de stopper l’avancée des islamistes militants dans le nord du pays. Cette opération nécessitait un déploiement rapide de troupes françaises, ce que la France n’était toutefois pas en mesure de faire seule. À la demande de la France, les États-Unis fournissent le soutien logistique nécessaire, y compris des avions de transport, pour permettre le déploiement rapide des troupes et du matériel français.

L’opération a nécessité une coordination logistique rapide pour transporter les troupes, les véhicules blindés et le ravitaillement vers le Mali, un pays enclavé d’Afrique de l’Ouest au relief accidenté et aux infrastructures limitées. Les États-Unis ont fourni une aide logistique importante par le biais de leur armée de l’air et ont établi un « pont aérien » entre la base aérienne d’Istres-Le Tubé, dans le sud de la France, et Bamako, au Mali, à l’aide d’avions de transport C-17 Globemaster III. Ce soutien a été déterminant pour l’envoi rapide de troupes et de matériel français dans la zone de conflit. La France a ainsi pu déployer en très peu de temps environ 4 000 soldats, ainsi que des forces spéciales et des forces aériennes au Mali.

Dans la perspective d’un éventuel déploiement rapide de troupes en Ukraine, le principal enseignement stratégique de l’opération Serval est que son succès a dépendu de manière décisive du soutien logistique des États-Unis, en particulier des avions de transport C-17 Globemaster III qui ont assuré le transport des troupes et du matériel de la France vers le Mali.

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