Poutine et Modi célèbrent un « partenariat stratégique spécial et privilégié »

Le drapeau de l'État appelé Inde est brandi à New Delhi. Source : Pixabay, photo : Shaurya Singh

Berlin, Allemagne (Weltexpress). Le président russe Vladimir Poutine, « isolé sur la scène internationale » selon la propagande occidentale, est un homme très occupé. Mercredi, il a reçu une visite de haut rang en provenance de Washington, et le lendemain, il a été accueilli en grande pompe comme un ami de longue date à New Delhi pour le 23e sommet Inde-Russie.

À New Delhi, la visite de Poutine, qui vise à souligner le « partenariat stratégique spécial et privilégié » entre les deux pays, suscite de grandes attentes. Les médias indiens se concentrent principalement sur les bonnes relations entretenues depuis des décennies avec la Russie dans le domaine de la coopération militaro-technique. La Russie aspire également à des relations encore plus étroites avec l’Inde. Avant même le départ de Poutine, le mardi 2 décembre, la Douma d’État russe a ratifié l’accord avec l’Inde sur l’assistance logistique mutuelle (Relos).

Vyacheslav Volodin, porte-parole de la Douma d’État, a déclaré à ce sujet : « Nos relations avec l’Inde sont stratégiques et globales, et nous les apprécions. Nous comprenons que la ratification de l’accord aujourd’hui est un pas supplémentaire vers la réciprocité et, bien sûr, vers le développement de nos relations. »

Ce pacte prévoit également une assistance mutuelle dans le cadre d’opérations militaires, d’exercices et d’aide en cas de catastrophe. Il permet notamment à la marine indienne d’améliorer sa présence dans l’Arctique et de renforcer sa position en tant que puissance maritime, tout en offrant de nouvelles opportunités pour les ambitions scientifiques, techniques et économiques de l’Inde dans cette région. Il permet également la création de bases civiles et militaires communes, y compris pour le ravitaillement et les réparations, tout en élargissant la portée de la Russie dans l’océan Indien. Dans le domaine de l’armement, l’Inde est intéressée par l’achat de systèmes de défense aérienne russes S-500 ainsi que par des avions de combat Su-57 et leur éventuelle construction sous licence russe.

Cette visite, qui a lieu à l’invitation du Premier ministre Narendra Modi, est le premier voyage de Poutine en Inde depuis quatre ans, depuis le début de la guerre en Ukraine en février 2022.

Le programme du séjour de 30 heures de Poutine est rempli de discussions officielles et « privées » et a débuté par un dîner privé avec des dirigeants politiques, des ministres et des représentants économiques indiens. Plusieurs accords intergouvernementaux et commerciaux doivent être signés à cette occasion.

La coopération en matière de défense au centre des discussions

Comme mentionné précédemment dans le cadre de la ratification de l’accord RELOS par la Douma d’État russe, l’approfondissement de la coopération militaire entre les deux nations est un thème central. Cependant, aucun accord concret sur l’achat de l’avion de combat russe de cinquième génération (Su-57) et du système de défense aérienne S-500, unique et considéré comme le meilleur au monde, n’est attendu pendant la visite. Poutine sera accompagné du ministre de la Défense Andreï Belousov et de représentants de l’exportateur d’armes Rosoboronexport.

Énergie et commerce malgré les sanctions

Malgré les sanctions occidentales, l’Inde reste le plus grand importateur de pétrole russe livré par voie maritime, même si les livraisons ont atteint en décembre 2025 leur plus bas niveau depuis trois ans. En Occident, on invoque comme raison les sanctions secondaires américaines qui menacent. Cependant, les problèmes rencontrés par l’Inde pour payer ses livraisons de pétrole en roupies pourraient également expliquer le recul des exportations de pétrole russe vers la Chine. Le 23e sommet actuel vise à stabiliser les relations énergétiques. Des entreprises russes telles que Rosneft et GazpromNeft, ainsi que la Sberbank, souhaitent poursuivre leurs investissements en Inde afin d’investir leur excédent de roupies dans les infrastructures indiennes et d’autres actifs.

Équilibre géopolitique

Malgré ses relations étroites et fructueuses avec la Russie, l’Inde poursuit sa stratégie de diversification : au cours des dix dernières années, elle a acheté pour 30 milliards de dollars d’armes américaines, tout en développant sa propre production d’armement. Peu avant l’arrivée de Poutine, l’Inde a conclu un contrat de 946 millions de dollars pour l’achat d’hélicoptères américains, signalant ainsi à la Russie qu’elle avait toujours une concurrence américaine.

L’invitation de Poutine et sa visite en Inde doivent néanmoins être considérées comme un signal adressé à l’Occident, indiquant que New Delhi ne renonce pas à son partenariat traditionnel avec Moscou malgré la pression occidentale. Dans le même temps, le ministère indien des Affaires étrangères a récemment rejeté comme une « ingérence inacceptable » dans les affaires de l’Inde une tribune commune publiée dans les médias par les ambassadeurs britannique, français et allemand, qui critiquait les relations étroites entre l’Inde et la Russie. Ce sommet est considéré comme un test important pour l’équilibre de la politique étrangère indienne entre la Russie, l’Occident et ses propres intérêts stratégiques dans la région indo-pacifique.

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