Plus d’armes pour Israël ? Le gouvernement fédéral allemand et les apparences

Le char Merkava Mark IV des forces armées de l'État d'Israël. Photo : Michael Mass, Musée Yad la-Shiryon, CC BY-SA 3.0

Berlin, Allemagne (Weltexpress). On fait donc désormais comme si même le gouvernement fédéral en avait assez de la reconstitution du ghetto de Varsovie par le gouvernement Netanyahou. C’est du moins l’impression que donnent des titres tels que « L’Allemagne suspend ses livraisons d’armes à Israël : un signal fort contre Netanyahou ».

La première chose qui frappe dans les déclarations du chancelier fédéral Friedrich Merz, dans lesquelles il annonce l’arrêt des exportations d’armes vers Israël, est la formulation suivante : « Dans ces circonstances, le gouvernement fédéral n’autorisera jusqu’à nouvel ordre aucune exportation d’armes destinées à être utilisées dans la bande de Gaza. »

Quiconque a déjà eu affaire à des juristes reconnaît la restriction, car seules les exportations de biens « destinés à être utilisés dans la bande de Gaza » sont finalement suspendues. Or, le plus gros contrat d’armement allemand avec Israël actuellement en cours concerne la construction de sous-marins, qui, comme chacun sait, sont utilisés sous l’eau et donc pas dans la bande de Gaza…

Toutefois, il existe une réponse du gouvernement fédéral, plus précisément du secrétaire d’État Dr Thomas Steffen du ministère fédéral de l’Économie, à une question du député de gauche Jörg Cezanne du 4 juillet 2025 sur les autorisations d’exportation vers Israël d’armes de guerre, qui est la suivante : « Au cours de la période en question (du 15 décembre 2024 au 26 juin 2025), aucune autorisation n’a été accordée pour des armes de guerre au sens de la question. »

Cela ne répond bien sûr pas à tout ce qui relève de la catégorie « autres équipements militaires », dont l’Allemagne vend également certains éléments à Israël, comme des transmissions pour chars. Mais au moins, en ce qui concerne les munitions et les projectiles de toutes sortes, cette réponse affirme qu’il n’y a rien eu de toute façon. Sur le site web du ministère de l’Économie, on trouve cependant un chiffre de 27 973 483 euros concernant les autorisations individuelles pour l’exportation définitive d’équipements militaires vers Israël. Les moteurs de chars seraient donc bien là…

Dans une autre réponse à une question, le gouvernement fédéral a communiqué les chiffres pour l’année 2024 jusqu’au 23 mai. Des exportations d’autres équipements militaires ont été autorisées pour un montant de 10 094 503 euros, mais seulement 32 449 euros pour les armes de guerre.

Par ailleurs, en juin dernier, plusieurs organisations palestiniennes ont porté plainte à Berlin afin d’empêcher l’octroi de nouvelles autorisations d’exportation d’armes. Le tribunal berlinois a rejeté cette plainte au motif que les plaignants n’avaient pas pu prouver que de telles autorisations d’exportation étaient en cours.

Or, ceux qui connaissent bien les livraisons d’armes à l’Ukraine, en particulier le drame autour des munitions d’artillerie, ne sont pas particulièrement surpris que les armes de guerre n’aient peut-être pas été livrées entre décembre 2024 et juin 2025 – il n’y avait tout simplement plus rien à prendre. Et il y a toujours cet autre théâtre d’opérations qui doit être approvisionné.

Ce qui ne change bien sûr rien au fait qu’au tout début de la guerre à Gaza, « des armes d’une valeur de 485 millions d’euros » ont été livrées par l’Allemagne à Israël, ce qui signifie qu’à long terme, l’Allemagne a fourni environ un tiers des armes à Israël. Elle occupe ainsi la deuxième place parmi les fournisseurs d’armes, derrière les États-Unis.

Selon les informations de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI), entre 2019 et 2023, les livraisons d’armes allemandes à Israël ont principalement été destinées à la marine : 81 % étaient des frégates, 10 % des torpilles. Les 8,5 % restants étaient des moteurs pour véhicules blindés, qui ont toutefois été utilisés à Gaza dans le cadre de ces véhicules.

Outre les exportations d’armes allemandes, telles que les sous-marins déjà mentionnés, construits par ThyssenKrupp à Kiel, il existe également des exportations d’armes dans le sens inverse, comme un contrat de 239 millions d’euros avec l’entreprise d’armement israélienne Elbit. Cependant, ces deux types d’exportations sont d’emblée occultés par la formulation « destinés à être utilisés dans la bande de Gaza ».

Il en va d’ailleurs de même pour les livraisons d’armes des États-Unis à Israël, qui s’effectuent de deux manières : soit par bateau (avec le petit risque que les dockers posent des problèmes à un endroit ou à un autre), soit par avion. Dans ce dernier cas, il y a une escale entre les États-Unis et Israël. Celle-ci a généralement lieu en Allemagne et le survol et l’atterrissage doivent être autorisés. Le gouvernement allemand se trouverait dans une position privilégiée pour exercer une influence directe sur les livraisons d’armes américaines, par exemple sur la livraison des bombes aériennes utilisées pour bombarder les tentes des réfugiés dans la bande de Gaza…

Mais ce n’est bien sûr pas tout. En effet, Adis Ahmetovic, porte-parole du groupe SPD pour la politique étrangère, a laissé entendre qu’il serait possible de suspendre partiellement ou totalement l’accord d’association de l’UE avec Israël. Mais il ne s’agit bien sûr que d’une hypothèse. Et oui, c’est surtout l’Allemagne qui empêche l’UE de changer d’attitude.

Le minimum absolu pour gagner un semblant de crédibilité en annonçant une restriction des exportations d’armes serait de dresser une liste des biens qui seraient effectivement concernés et de préciser si cette décision annule des autorisations déjà accordées. Telle qu’elle a été faite, cette annonce ressemble beaucoup à une mesure symbolique, sans même la certitude que la livraison des moteurs MTU sera au moins suspendue. Cela dit, cela correspondrait tout à fait au style de l’actuel gouvernement.

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