Berlin, RFA (Weltexpress). La défaite de l’Ukraine ne peut plus être évitée. Mais chez RUSI, le groupe de réflexion de l’armée britannique, on présente déjà des plans pour réarmer l’Ukraine en un bélier encore plus puissant contre la Russie pendant une trêve gelée à la Corée du Nord et du Sud.
Le bouledogue britannique vieillissant s’est engagé dans la guerre contre la Russie et ne veut pas la lâcher. Sagement, le dogue boiteux aux os pourris ne veut plus se présenter lui-même dans le combat sanglant, mais envoyer d’autres personnes sur le ring.
Le RUSI (Royal United Services Institute – Institut royal des armes unifiées) est le plus ancien groupe de réflexion militaire au monde. Au fil des siècles, il n’y a pas eu de massacre colonial, voire de génocide, que le RUSI n’ait pas contribué à planifier au nom de Sa Majesté britannique.
Bien que la guerre actuelle entre les États-Unis et l’OTAN ne soit pas encore terminée, RUSI offre déjà une plate-forme pour planifier la prochaine guerre d’Ukraine contre la Russie. Cela montre tout de même que les analystes de RUSI sont suffisamment flexibles pour se libérer, du moins en partie, de la réalité factice US/OTAN du mantra « l’Ukraine va gagner ».
Toutefois, les hypothèses d’une deuxième campagne d’armement contre la Russie, cette fois-ci couronnée de succès pour l’Ukraine, reposent sur un vœu pieux non moins éloigné de la réalité qu’en février 2022, au début de la guerre actuelle, dont les conséquences catastrophiques pour l’Ukraine sont évidentes. Celles-ci auront des répercussions sur l’Ukraine pendant des décennies, peut-être même jusqu’à la perte de l’État du pays – en dépit du show médiatique US/OTAN-ATACMS qui se déroule actuellement.
L’article de RUSI évoqué ci-dessous invite les gouvernements US/OTAN à planifier dès à présent la manière d’utiliser un « cessez-le-feu gelé » en Ukraine, à la manière de la Corée du Nord et de la Corée du Sud, pour armer encore plus qu’auparavant l’Ukraine occidentale rétrécie, afin de l’utiliser encore mieux à l’avenir comme bélier contre la Russie.
Sans le dire, l’article présuppose une série d’invraisemblances en tant que faits : par exemple, que la Russie, qui a entre-temps gagné la guerre contre l’Ukraine depuis longtemps sur le plan matériel, s’engagera dans un « cessez-le-feu gelé », d’autant plus que Moscou sait déjà dans quel but les Etats-Unis/l’OTAN l’utiliseraient. Etant donné que, selon les observateurs occidentaux et ukrainiens sur place, l’effondrement de l’armée ukrainienne n’est plus très loin, tout indique qu’il ne s’agit pas d’un « cessez-le-feu gelé » mais d’une capitulation avec une paix dictée par la Russie.
Une autre condition improbable sur laquelle repose le plan présenté par RUSI est la question de savoir si d’ici là, dans la partie pro-occidentale de l’Ukraine rétrécie, il y aura suffisamment de soldats aptes au service militaire, s’ils accepteront de servir une deuxième fois de chair à canon occidentale et si leurs familles et la société civile de l’Ukraine rétrécie occidentale approuveront ce cours.
D’une manière générale, on se demande en lisant la contribution de RUSI, publiée le 14 novembre 2024 sur le site web de l’institut, s’il s’agit d’une satire ou d’un plan stratégique. Il s’intitule « Overcoming the Challenges of Building a Future Force for Ukraine » (surmonter les défis de la construction d’une future force militaire pour l’Ukraine). L’ouvrage a été écrit par un certain Andrei Sagorodnjuk, qui n’est certainement pas un inconnu parmi les belligérants. De 2019 à 2020, il a été ministre de la Défense de l’Ukraine, après avoir été conseiller du président ukrainien Selenskij, et avant cela, il a dirigé le bureau des projets de réforme du ministère ukrainien de la Défense. Il est actuellement « président du Centre de stratégies de défense » à Kiev. Il introduit son article sur RUSI par ces mots : « La fin de la guerre et l’instauration d’une paix durable en Ukraine ne sont pas possibles sans mesures pratiques visant à dissuader les potentielles futures vagues d’agression russe. Cependant, l’élaboration d’une stratégie de dissuasion efficace pose ses propres défis uniques ».
Ensuite, l’auteur souligne la nécessité d’un réarmement : « OTAN 2.0 pour l’Ukraine ». Son leitmotiv est : « Une dissuasion robuste contre les futures agressions russes ». Il fait la distinction entre « la dissuasion par le refus » et « la dissuasion par la punition ». Cette dernière serait inutile puisque la Russie, comme on le sait, n’hésite même pas à perdre des millions de soldats, d’équipements et de ressources.
En revanche, la « dissuasion par le déni » garantit que l’adversaire est incapable d’atteindre ses objectifs. Cela peut être réalisé par exemple en abaissant la Russie au niveau technique d’un Etat du tiers-monde grâce aux sanctions occidentales ou en transformant l’Ukraine en une économie high-tech dotée d’une technologie militaire révolutionnaire et produisant de grandes quantités d’armes grâce à l’aide occidentale.
Selon l’auteur Zagorodniouk, la solution à cette tâche est la suivante : une transformation complète de l’armée ukrainienne, accompagnée d’une résilience économique, d’une stabilité sociale et – (attention à la satire réelle) et d’un Etat de droit. Car sans ces « piliers », la paix ne serait de toute façon qu’un intermède de courte durée.
Selon l’analyse, l’Ukraine doit être intégrée le plus rapidement possible dans l’OTAN. L’accent est mis sur le fait que l’Ukraine est un « atout » (c’est-à-dire un enrichissement) et non une « responsabilité » (une charge) pour l’OTAN. Il est également argumenté que l’Ukraine (ou le reste de l’Ukraine) doit absolument disposer d’une armée de l’air complète et moderne, avec un nombre suffisant d’avions, afin de mieux remplir sa mission militaire contre la Russie. Comme cela coûterait trop cher à l’Ukraine, cela devrait être pris en charge par les autres membres de l’OTAN dans le cadre d’une répartition des coûts.
Dans le même temps, l’auteur nous fait miroiter l’avenir d’une machine économique et industrielle miracle appelée Ukraine. L’Ukraine prendrait exemple sur la Corée du Sud, où l’essor économique a été réalisé malgré une menace militaire permanente. La « vision » de l’auteur : une économie stable, capable à long terme de financer une puissante machine militaire tout en attirant les investisseurs internationaux.
Dans l’article de RUSI, l’auteur fait l’éloge de l’industrie de défense ukrainienne. Contrairement aux lourdes industries de défense occidentales, celle-ci serait « agile », travaillerait 24 heures sur 24 et ne connaîtrait pas de freins bureaucratiques. L’Ukraine peut ainsi réduire les coûts et accélérer la production.
Enfin, l’auteur ne peut s’empêcher de rendre les Etats-Unis/l’OTAN responsables des problèmes militaires actuels de l’Ukraine. Dans une longue litanie, il énumère les manquements et les faiblesses des aides apportées jusqu’à présent par l’OTAN.
Note :
Voir aussi l’article
- Bélier contre la Russie – Série : plans de réarmement de l’Ukraine pour la prochaine guerre contre la Russie (partie 2/2) par Rainer Rupp
dans le WELTEXPRESS.