Berlin, Allemagne (Weltexpress). La colère narcissique de Trump, associée à une vulnérabilité maladive à la flatterie, ne lui nuit pas seulement en politique intérieure. Elle fait également de lui une proie facile dans la diplomatie internationale, où l’on peut facilement atteindre des objectifs politiques en lui faisant des compliments exagérés.

Selon des experts médicaux en psychiatrie, la réaction publique du président Trump à la première de la 27e saison de la série satirique américaine « South Park » est typique du tableau clinique d’une personne sujette à des « crises de colère narcissiques » incontrôlées lorsque son ego démesuré est blessé. Or, les créateurs de South Park n’ont traditionnellement peur de rien ni de personne dans leurs satires, quelle que soit l’origine, le statut social ou la religion de leurs cibles, ce qui complique les choses pour Trump.

Le premier épisode de la nouvelle série, déjà diffusé, montre une scène comique avec Satan et le petit garçon Trump nu, auquel Dieu n’a donné qu’un « minuscule pénis ». C’est sans doute cela qui a déclenché la colère du président Trump. En effet, cette « minuscule » partie est une allusion évidente à une dispute publique entre le sénateur Marco Rubio et Donald Trump en 2016, qui portait sur la longueur de leur organe sexuel principal.

Le fait que South Park ait repris cette dispute puérile entre les deux candidats les plus prometteurs à l’investiture républicaine pour les élections d’octobre 2016 a dû mettre Trump dans une telle rage qu’il a exhorté la porte-parole de la Maison Blanche, Taylor Rogers, à condamner South Park comme une « série de quatrième ordre » et à qualifier la série d’œuvre des démocrates qui veulent ridiculiser le président des États-Unis.

Or, « South Park » occupe une place marginale dans le monde des médias américains et n’est connu et apprécié que par les quelques Américains qui aiment la satire crue. Mais que fait le narcissique Trump ? Au lieu d’ignorer simplement la nouvelle série, il a accru sa visibilité à l’échelle nationale et même internationale. Et plus Trump s’énerve, plus la série a le potentiel de devenir un succès retentissant, car tout le monde veut voir le prochain épisode.

Cet exemple met une nouvelle fois en évidence l’incapacité de Trump à ignorer les moqueries personnelles. Au lieu de cela, il commet des erreurs stratégiques à petite et à grande échelle. La psychiatrie médicale qualifie ce comportement des personnes susceptibles de souffrir de blessures narcissiques de « rage narcissique ». À l’inverse, les personnes présentant cette faiblesse sont également particulièrement sensibles à la flatterie, même lorsqu’elle est exagérée au point d’en être ridicule. Une fois que l’on a compris cette faiblesse de Trump, on peut même s’en servir pour mener une politique internationale, comme l’a démontré le nouveau secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, lors du dernier sommet de l’OTAN.

Afin d’amadouer Trump, Rutte lui avait écrit au préalable une lettre qui dégoulinait de flagornerie. Mark Rutte a exploité le besoin narcissique de Trump d’être rassuré pour le rallier aux objectifs des bellicistes européens de l’OTAN, et a utilisé la flatterie pour atténuer l’imprévisibilité de Trump et son scepticisme antérieur à l’égard de l’article 5. Le ton personnel et les éloges publics ont permis à Trump de se sentir célébré lors du sommet de l’OTAN, réduisant ainsi le risque d’un fiasco.

Mais procédons par ordre. Examinons d’abord de plus près la dispute entre Rubio et Trump, puis nous nous pencherons sur la lettre du lèche-bottes de l’OTAN, Rutte.

La controverse Trump-Rubio sur le pénis

Pendant les primaires républicaines de 2016, le candidat rival Marco Rubio (actuellement secrétaire d’État de Trump) a repris une insulte vieille de plusieurs décennies à l’encontre de Trump en se moquant de la taille de ses mains et en insinuant que cela impliquait un petit pénis. Lors d’un meeting électoral en Virginie le 28 février 2016, Rubio a déclaré : « Il m’appelle toujours « Little Marco ». Et j’admets qu’il est plus grand que moi. Il mesure environ 1,88 m, c’est pourquoi je ne comprends pas pourquoi ses mains ont la taille de quelqu’un qui mesure 1,57 m. »

Il s’agissait d’une allusion à une moquerie de longue date, notamment de Graydon Carter du magazine Spy, qui avait qualifié Trump dans les années 1980 de « vulgarisateur aux petits doigts » – une insulte qui avait profondément blessé Trump, comme en témoignent les photos de ses mains qu’il a envoyées à plusieurs reprises à Carter.

La réponse de Trump à l’insulte de Rubio est venue le 3 mars 2016. Lors d’un débat présidentiel républicain sur Fox News à Detroit, Trump a directement répondu à l’allusion de Rubio. Il a levé les mains vers le public et a déclaré : « Regardez ces mains, sont-elles petites ? Et il a fait allusion à mes mains : « Si elles sont petites, alors quelque chose d’autre doit aussi être petit. » Je vous garantis qu’il n’y a aucun problème. Je vous le garantis. »

Cette défense explicite de la taille de son pénis a suscité une large couverture médiatique et de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux, des commentateurs connus tels que Jeff Greenfield (@greenfield64) tweetant : « Mon Dieu, Trump vient de se vanter de la taille de son pénis », et Michael Moore (@MMFlint) plaisantant sur la « castration » en réponse.

La controverse Trump-Rubio sur la taille du pénis, par sa nature puérile et personnelle, est sans précédent, même dans les campagnes électorales américaines. Cet échange a été largement considéré comme un moment bas dans le discours politique, le journal Politico remarquant que Trump et Rubio avaient porté la « castration » verbale dans la tradition des insultes politiques américaines à un nouveau niveau.

La décision de Trump dans cette affaire, à savoir élever l’allusion de Rubio au niveau d’un débat national retransmis à l’échelle nationale plutôt que de simplement l’ignorer, reflète un comportement qu’il manifeste à nouveau dans sa manière de traiter la satire de « South Park ». Ces deux cas révèlent une hypersensibilité à la moquerie personnelle et une tendance à s’engager immédiatement dans la sphère publique, ce qui aggrave souvent des problèmes mineurs et attise la controverse. Le terme psychologique qui désigne ce comportement est « blessure narcissique », qui conduit à une « colère narcissique », ce qui ne fait qu’attirer davantage l’attention du public.

Comment Mark Rutte a exploité la faiblesse narcissique de Trump lors du sommet de l’OTAN

Lors du sommet de l’OTAN à La Haye les 24 et 25 juin 2018, le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, a envoyé un message privé à Trump, qui s’est senti tellement flatté qu’il a immédiatement publié la lettre sur son juin 2025, le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, a envoyé un message privé à Trump, qui s’est senti tellement flatté qu’il a immédiatement publié la lettre sur sa chaîne Internet « Truth Social » afin de montrer au monde entier quel type formidable et quel grand leader du monde libre il est. Voici le lien vers le site web de Trump avec la lettre originale de Rutte.

Le message de Rutte louait Trump au plus haut point, affirmant par exemple que « son action décisive en Iran […] avait été vraiment extraordinaire, quelque chose que personne d’autre n’aurait osé faire ». Rutte a également écrit que l’engagement de l’OTAN à augmenter les dépenses militaires annuelles à 5 % du PIB n’avait été possible que grâce à Trump : « Donald, tu nous as conduits à un moment vraiment très important pour l’Amérique, pour l’Europe et pour le monde entier. Tu vas réaliser quelque chose qu’AUCUN président américain n’a réussi à faire depuis des décennies. »

Rutte a également mentionné que Trump serait reçu par « Sa Majesté » le roi des Pays-Bas pour un dîner après son arrivée à La Haye, ce qui fait référence au goût de Trump pour le faste.

Les éloges exubérants, Rutte s’adressant à Trump dans la lettre par « Monsieur le Président, cher Donald » et imitant le style d’écriture de Trump avec des majuscules, étaient taillés sur mesure pour flatter l’ego de Trump. En attribuant personnellement à Trump la responsabilité de l’augmentation des dépenses de l’OTAN et en présentant cela comme une réalisation historique, Rutte a fait appel au besoin d’admiration de Trump. Lors d’une conférence de presse ultérieure, Rutte a également qualifié Trump de « papa » (de l’OTAN), une métaphore évidente pour désigner le leadership américain et sa relation paternelle avec ses enfants de l’OTAN, qui visait manifestement à flatter le penchant de Trump pour le machisme et la domination.

En effet, Rutte a joué sur tous les registres de la flatterie envers Trump, assurant ainsi le bon déroulement du sommet de l’OTAN. En retour, Trump a fait l’éloge du secrétaire général de l’OTAN et de l’OTAN elle-même, contrastant fortement avec ses menaces de 2018 de se retirer de l’OTAN. L’approche de Rutte a permis de garantir l’engagement de Trump envers l’OTAN sans heurts majeurs. Dans le même temps, l’objectif de 5 % des dépenses militaires représente pour Trump la satisfaction de ses exigences antérieures, ce qui garantit pour les années à venir des commandes massives de l’Europe à l’industrie américaine de l’armement.

De toute évidence, Rutte a su exploiter avec succès le besoin narcissique de reconnaissance de Trump pour le convaincre des objectifs des Européens membres de l’OTAN. Il s’est également servi de la flatterie pour atténuer le scepticisme antérieur de Trump à l’égard de l’article 5 de la Charte de l’OTAN et prévenir les commentaires imprévisibles de Trump. Le ton personnel et les éloges publics ont permis à Trump de se sentir célébré, ce qui a réduit le risque de perturbations lors du sommet.

On peut douter que la flagornerie de Rutte lui ait coûté sa crédibilité auprès de certains chefs d’État et de gouvernement européens, comme l’affirment diverses sources, compte tenu de l’efficacité de son approche. En effet, sa flatterie a atteint un objectif tangible de l’OTAN en réintégrant Trump et en l’empêchant de remettre en question la validité de l’article 5 de l’OTAN.

Ce schéma souligne à quel point les réactions égocentriques de Trump, qui trouvent leur origine dans la volonté d’éviter toute blessure narcissique, font de lui une proie facile pour la flatterie dans le domaine diplomatique. Cela explique également pourquoi Trump change constamment d’avis en fonction de la dernière personne qui l’a flatté.

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