
Berlin, Allemagne (Weltexpress). Merz veut ainsi non seulement étouffer les défis politiques au sein de son propre parti, mais aussi priver les Allemands de la possibilité de choisir à l’avenir d’importer à nouveau du gaz russe bon marché via Nord Stream 1 afin de mettre un terme à la destruction de l’industrie allemande.
Comme Merz ne fait pas confiance aux futurs gouvernements allemands pour poursuivre la politique de sanctions actuelle visant à « ruiner la Russie » en suicidant l’industrie allemande, il veut mettre un terme une fois pour toutes, avec l’aide de l’UE, à tout changement d’orientation de l’Allemagne vers une politique raisonnable. L’objectif idéologique des élites de l’UE et de l’OTAN, qui est de mettre la Russie à genoux, semble plus important pour le chancelier Merz que la santé économique de l’Allemagne, les conditions de vie de la population allemande ou les conditions matérielles des citoyens européens !
Le 23 mai, le Financial Times rapporte un nouveau scandale impliquant le chancelier Friedrich Merz sous le titre : « Merz soutient l’interdiction de Nord Stream pour empêcher les États-Unis et la Russie de relancer leur liaison gazière ». Selon cet article, Merz ferait activement pression sur la Commission européenne pour que l’UE impose des sanctions à la société Nord Stream AG, enregistrée en Suisse, afin d’être moins exposé à la pression politique intérieure en Allemagne pour rouvrir le gazoduc et s’approvisionner en gaz russe. En effet, une fois que l’UE aura prononcé des sanctions contre Nord Stream 1, ni le gouvernement fédéral ni le Bundestag ne pourront plus rien y changer.
Tout d’abord, un bref aperçu du contexte. Nord Stream AG est la société exploitante de Nord Stream 1. Elle a été fondée le 30 novembre 2005 à Zoug, en Suisse. La structure actionnariale de Nord Stream 1 est la suivante : Gazprom (Russie) : 51 % des parts ; ENGIE (France) : 9 % des parts ; Wintershall Dea AG (Allemagne) : 15,5 % des parts ; PEG Infrastruktur AG (E.ON, Allemagne) : 15,5 % des parts ; N.V. Nederlandse Gasunie (Pays-Bas) : 9 % des parts. Nord Stream 1 est encore entièrement intact et pourrait être remis en service à tout moment dès que l’Allemagne donnera son feu vert.
C’est Nord Stream 2 qui, selon Mearsheimer – probablement le journaliste d’investigation américain le plus célèbre et le plus influent au monde –, a été détruit à l’automne 2022 par des forces spéciales américaines agissant pour le compte du gouvernement américain au fond de la mer Baltique, au large des côtes suédoises.
Il convient de noter que c’est le gazoduc Nord Stream 1, intact, que le chancelier Merz veut retirer définitivement de la circulation à l’aide d’une sanction de l’UE, privant ainsi l’industrie allemande et les consommateurs privés d’un accès illimité au gaz russe bon marché et de haute qualité. Lors de son investiture il y a quelques semaines, le chancelier Merz avait pourtant juré solennellement de préserver le peuple allemand du malheur. Son investiture ressemblait toutefois davantage à une intronisation néo-féodale, car le nouveau chancelier décide encore plus librement que son prédécesseur, au mépris de la volonté du peuple allemand, après l’avoir déjà trompé avant les élections avec toutes sortes de promesses.
Mais pourquoi tient-il tant à ce que l’UE sanctionne Nord Stream 1 ? Après tout, ce gazoduc fait partie de l’infrastructure énergétique critique de l’Allemagne ! Et maintenant, nul autre que le chancelier allemand demande à l’Union européenne d’imposer des sanctions contre une partie de sa propre infrastructure énergétique, à laquelle même des entreprises allemandes participent de manière significative. En outre, Nord Stream 1 est largement réglementé par le droit allemand et Merz, en tant que chancelier, pourrait à tout moment décider lui-même que l’Allemagne n’achète pas de gaz via Nord Stream 1.
En outre, l’attitude de Merz à l’égard de Nord Stream 1 est en contradiction totale avec le discours entretenu depuis trois ans par les « élites » au pouvoir à Berlin, selon lequel ce sont les Russes qui ont coupé notre approvisionnement en gaz. En effet, cette version déformée de l’histoire semble désormais bien ancrée dans une grande partie de la population allemande. Mais si cela était vrai, si les Russes nous refusaient leurs livraisons de gaz, pourquoi Merz presse-t-il l’UE de sanctionner Nord Stream 1 afin d’empêcher à l’avenir tout approvisionnement en gaz russe vers l’Allemagne via ce gazoduc ?
Une fois que l’UE aura prononcé des sanctions, personne en Allemagne ne pourra plus prendre de décision politique au niveau national pour importer à nouveau du gaz russe bon marché et à haute teneur énergétique via des gazoducs. Ni le Bundestag ni le gouvernement fédéral ne peuvent, en vertu du droit européen en vigueur, passer outre la décision des bureaucrates européens non élus démocratiquement en matière de commerce extérieur. Seule l’UE elle-même peut lever les sanctions qu’elle a décidées. En effet, en matière de commerce extérieur, le Bundestag et le gouvernement fédéral ont cédé leur souveraineté à l’UE.
D’ailleurs, l’AfD est le seul parti en Allemagne qui souhaite mettre fin à cette situation déplorable et annuler le transfert de souveraineté à l’UE. Les décisions sur des questions cruciales telles que les sanctions, qui relèvent du commerce extérieur, doivent être renvoyées au Parlement allemand, où elles ont leur place.
Dans ce contexte, la question se pose de plus en plus de savoir combien de temps les Allemands sont prêts à accepter la situation actuelle, dans laquelle des bureaucrates sans légitimité démocratique à Bruxelles, comme Mme von der Leyen, poursuivie par toutes sortes de scandales, décident de leur sécurité énergétique, c’est-à-dire de questions cruciales pour l’avenir de tout le peuple. Cependant, les dirigeants politiques de tous les partis allemands, à l’exception de l’AfD, sont étroitement liés aux eurocrates. Déconnectés de la volonté des peuples européens et de leurs parlements nationaux, ils poursuivent leur propre agenda, qui n’a plus rien à voir avec la promesse initiale de l’UE.
Les élites politiques racontent à leurs peuples qu’elles s’engagent de manière désintéressée en faveur de la Communauté européenne, vénérée et intouchable, et elles exigent de nous tous que nous fassions de même. Car, comme chacun sait, l’UE est synonyme de paix et de prospérité, et plus généralement de tout ce qui est bon et beau dans le monde, où les élites européennes – selon leurs propres déclarations – veulent devenir une puissance dirigeante à égalité avec les États-Unis et la Chine.
Mais pour atteindre ces nobles objectifs, il faut faire des sacrifices, que les élites ne consentent toutefois pas elles-mêmes, mais imposent à leurs peuples, en particulier aux classes populaires. C’est pourquoi il ne reste plus rien de la promesse de paix et de prospérité pour tous les Européens faite par l’UE. Aujourd’hui, comme chacun peut facilement le constater, l’UE est synonyme de guerre à l’extérieur et d’exploitation et de pauvreté accrues à l’intérieur, le facteur énergie bon marché provenant de Russie jouant un rôle important. Ainsi, les données EUROSTAT récemment publiées dans le Berliner Zeitung montrent que le gaz liquéfié importé des États-Unis coûte désormais deux fois plus cher aux pays de l’UE que le gaz russe.
C’est pourquoi nous en revenons à la question suivante : pourquoi diable Friedrich Merz veut-il pousser l’Union européenne à fermer définitivement le gazoduc Nord Stream 1, qui est encore intact ? Merz se place ainsi en opposition flagrante avec les intérêts de son propre peuple et de nombreux autres pays de l’UE qui ont également bénéficié de Nord Stream 1 dans le passé.
Selon le Financial Times, Merz agit ainsi parce qu’il craint que les Russes et les Américains décident de remettre en service le gazoduc Nord Stream. Une entreprise américaine négocie déjà à Moscou. Un consortium américano-russe, dirigé par une entreprise américaine, achèterait du gaz aux Russes pour le livrer officiellement comme gaz américain via Nord Stream 1 à l’Allemagne et à d’autres pays de l’UE. Les bellicistes de l’UE qui veulent « ruiner la Russie » se retrouveraient alors face à un dilemme, car s’ils imposaient des sanctions au nouveau propriétaire américain de Nord Stream 1, ils devraient s’attendre à des réactions sensibles de Washington.
Remarque :
Voir l’article
- Le chancelier Merz fait pression sur l’UE pour qu’elle sanctionne Nord Stream 1 (partie 2/2) de Rainer Rupp
dans WELTEXPRESS.