Une analyste de la RAND révèle l’objectif final des États-Unis dans la guerre en Ukraine

Drapeaux des États-Unis d'Amérique. Source : Pixabay, photo : Alexas_Fotos

Berlin, Allemagne (Weltexpress). Une collaboratrice de haut rang de la RAND a clarifié les véritables objectifs des Etats-Unis en Ukraine et donc l’objectif final des Etats-Unis dans la guerre en Ukraine. Elle a notamment déclaré : « Si nous nous préparons à un éventuel futur conflit avec la Chine, il y a deux mondes dans lesquels nous pourrions le régler ».

Le site web de la RAND-Corporation a publié au début du mois une interview d’Ann Marie Dailey, collaboratrice de haut niveau de la RAND, intitulée « The United States, NATO, and Geopolitical Strategies » (Les États-Unis, l’OTAN et les stratégies géopolitiques). La RAND Corporation est le tristement célèbre et gigantesque groupe de réflexion créé par l’U.S. Air Force pendant la guerre froide en tant que centre d’analyse géostratégique. Au fil du temps, la RAND s’est muée en l’un des centres les plus influents des bellicistes américains, travaillant main dans la main avec le complexe militaro-industriel et généreusement financée par ce dernier. Voici un extrait concis de l’interview :

Question à Ann Marie Dailey : « A propos de l’aide américaine à l’Ukraine : vous avez prévenu que l’absence de soutien américain à l’Ukraine ouvrirait la voie à une “série de défaites américaines”. Dans quelle mesure ? »

Réponse d’Ann Marie Dailey : « Il y a des gens à Washington qui disent que nous ne pouvons pas continuer à soutenir l’Ukraine parce que cela sape notre capacité à nous préparer à la Chine. Mais si nous nous préparons à un éventuel conflit futur avec la Chine, il existe deux mondes dans lesquels nous pourrions le régler :

  • L’un est un monde dans lequel l’Ukraine perd. Dans ce monde, tous nos alliés européens se concentreront sur la protection contre la prochaine attaque de la Russie. Les États-Unis seront plus isolés diplomatiquement, car ces 31 alliés de l’OTAN seront bien plus préoccupés par leur propre sécurité que par le fait d’aider les États-Unis dans une lutte contre la Chine.
  • L’autre monde est celui dans lequel l’Ukraine gagne. Vous aurez alors une Ukraine qui sera la plus grande et la plus compétente armée d’Europe et qui servira de rempart contre l’agression russe. L’Ukraine victorieuse donne aux États-Unis un flanc européen fort à l’est. Nous y avons des pays qui ne sont pas seulement convaincus de leur propre sécurité, mais aussi de la capacité collective de l’OTAN à dissuader et à vaincre les agressions. Ils seront plus enclins à nous aider si les États-Unis sont en guerre dans l’Indo-Pacifique. Penser que l’aide à l’Ukraine nous empêche de nous préparer à une guerre avec la Chine, c’est voir le monde comme plat alors qu’il est rond ».

L’analyste de la Rand ne fait aucun mystère de l’objectif final des Etats-Unis et du véritable but de cette guerre sanglante qui a fait des centaines de milliers de morts parmi les soldats ukrainiens et un nombre de blessés estimé à un million. Elle aussi veut la guerre contre la Chine. Mais elle sait que les Etats-Unis ont besoin de l’aide économique, politique et militaire de leurs vassaux européens pour affronter la Chine. Si la guerre en Ukraine se termine par une victoire de la Russie, les Etats-Unis perdront de leur influence en Europe.

Pour combattre la Chine, les Etats-Unis doivent renforcer leur contrôle sur l’Europe, quel que soit le coût humain et économique sur le continent européen. L’hégémonie mondiale des États-Unis est en jeu. La paix est une abomination pour la RAND et ses bailleurs de fonds à Washington et dans le complexe militaro-industriel, car elle inaugurerait un nouvel ordre mondial multipolaire, et rien ne pourrait alors empêcher les vassaux européens de s’émanciper et de se libérer du joug américain.

Mais comment Ann Marie Dailey en arrive-t-elle à une telle analyse, qui allie une vision en tunnel à un manque de scrupules extraordinaire, car les conséquences de sa recommandation politique sous la forme d’innombrables sacrifices humains ne semblent pas mériter qu’elle y réfléchisse. Pourtant, Ann Marie Dailey est manifestement une femme très intelligente, polyvalente et efficace. Titulaire d’un master en économie internationale, elle s’est ensuite engagée dans l’armée et est devenue capitaine dans les troupes de pionniers américaines, avant de devenir conseillère politique, travaillant notamment comme conseillère principale du secrétaire adjoint à la Défense des États-Unis pour les questions de sécurité internationale, en mettant l’accent sur la Russie, l’Europe et l’Eurasie.

En même temps, Ann Marie Dailey semble être la preuve vivante qu’une grande intelligence ne protège pas contre des conclusions stupides ou même dévastatrices, par exemple lorsqu’on a des préjugés contre l’adversaire russe ou qu’on est bien payé pour faire des analyses apparemment concluantes qui sont très appréciées dans le complexe militaro-industriel parce qu’elles garantissent des profits futurs, comme le montre sa recommandation de politique dans l’interview.

Article précédentDéclaration rafraîchissante du nouveau président iranien
Article suivantÉmissions de CO₂ – Une nouvelle tentative de vol des fonds russes gelés

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici